Une attention croissante est accordée à la durabilité. Sur le marché des routes, des ponts, des tunnels, des écluses, des murs de soutènement, des voies, des dépôts, des gares, des aéroports et d'autres infrastructures routières, ce terme devient tout doucement bien plus qu'un mot en vogue. Et ce courant se propage au domaine des assurances, constate Peter Anckaert : « Il s'agit d'un fait quelque peu nouveau. Il y a cinq ans, rares étaient les assureurs qui refusaient de faire une offre à un client en raison, non pas tant des mauvaises performances du dossier en question, que parce que l'entreprise pratiquait, par exemple, une forme d'agriculture non durable. Depuis lors, nous remarquons que de plus en plus d'assureurs rédigent des directives sur la base desquelles ils ne souhaitent plus couvrir certains secteurs. Ce mouvement a également des répercussions sur le marché des infrastructures. »
L'analyse coûts/bénéfices réalisée par les assureurs ne se limite plus aujourd'hui à l'aspect financier. La durabilité est devenue un facteur prépondérant et, dans le domaine des travaux d'infrastructure, cela se voit à différents niveaux : les conséquences pour les riverains, la sécurité des ouvriers, les incidences sur l'environnement et la qualité de l'air, tout est désormais pris en compte.
D'après Peter Anckaert, la Banque européenne d'investissement et les véhicules d'investissement internationaux mettent, à leur tour, de plus en plus l'accent sur les projets réellement durables. Sont, entre autres, visés les projets qui portent attention au circuit court et à des thématiques comme la circularité et la réutilisation des matériaux. « À Anvers, des études tentent de déterminer s'il est possible de fabriquer du béton à partir de sable dragué localement afin de construire de nouveaux murs de quai. Cette tendance ne cesse de s'amplifier : au vu de la situation sur le marché mondial, les mentalités changent et les entreprises réfléchissent à présent à des solutions locales. »
« Parallèlement, nous constatons que des efforts accrus sont réalisés concernant les conditions de travail et la mobilité », explique Peter Anckaert. « Il convient, en outre, de noter l'engouement pour les questions relatives aux énergies renouvelables, que ce soit pour l'alimentation électrique des machines et des véhicules utilisés pour l'évacuation et l'acheminement de terres ou pour la production d'énergie pendant l'entretien. » D'ailleurs, il ne fait presque aucun doute que tous ces aspects seront effectivement étudiés. « Les assureurs délaissent, eux aussi, les marchés polluants du gaz et du pétrole pour se concentrer sur le nouveau secteur des énergies vertes. Plusieurs acteurs ont décidé de ne plus assurer que des entreprises qui se soucient suffisamment de l'être humain et de l'environnement. » Cette tendance verte se poursuivra au cours des prochaines années, en partie sous la pression des actionnaires qui ne veulent plus être associés à de « mauvais » risques, mais surtout par pure nécessité.
Cette évolution comporte aussi un important volet technologique : il incombe à la fois aux entreprises de construction et aux assureurs de se montrer innovants et d'embrasser les dernières technologies. Concrètement, Peter Anckaert souligne à cet égard l'émergence de la capture de la réalité (reality capture, l'enregistrement visuel quotidien de l'avancée des travaux), de la modélisation des informations de la construction (building information modeling, BIM) et des jumeaux numériques (digital twins, l'imitation virtuelle d'un chantier), ainsi que le recours à des drones à des fins d'inspection et, petit à petit, pour transporter du matériel dans des lieux difficilement accessibles. De tels outils favorisent l'efficacité et la transparence, et portent dès lors également leurs fruits en matière de durabilité.
Ces instruments innovants aident les assureurs à évaluer les projets et s'ajoutent aux nouveaux modèles et techniques de données qu'ils développent eux-mêmes en vue de réaliser des projections appropriées. « Les assureurs doivent continuer à miser sur une approche moderne qui ne se focalise pas uniquement sur le taux de sinistralité (loss ratio), à savoir le rapport entre les primes encaissées et les montants indemnisés, de leur propre portefeuille. Notre mission en qualité de courtier est de veiller à ce que les entreprises de construction puissent entreprendre en toute tranquillité. C'est pourquoi nous insistons sur l'importance de solutions d'assurance tournées vers l'avenir, certainement dans le cadre de projets de grande ampleur dotés d'une pertinence sociale non négligeable. »